Investir dans une bulle: Le vrai risque, c’est de rester à l’écart

Investir dans une bulle: Le vrai risque, c’est de rester à l’écart

par James Parkyn - PWL Capital - Montréal

Les investisseurs sont à la fois euphoriques et nerveux alors que les marchés boursiers continuent d’atteindre de nouveaux sommets historiques.
Sommes-nous dans une bulle ? Un krach se prépare-t-il ? Et si oui, que devons-nous faire pour nous y préparer ?

Les investisseurs passent énormément de temps à craindre un effondrement catastrophique des marchés — particulièrement lorsque ceux-ci s’envolent.
Et qui pourrait les blâmer ? Imaginez le choc de découvrir du jour au lendemain que vous avez perdu 10 ou 20 % de vos économies accumulées au fil d’une vie.
Pourtant, des recherches fascinantes démontrent que les véritables krachs boursiers sont extrêmement rares — bien plus qu’on ne le croit généralement.

Seulement quatre krachs depuis 1887

En réalité, la peur de perdre de l’argent lors d’une correction majeure représente un plus grand risque que le krach lui-même.
Cette peur pousse de nombreux investisseurs à rester à l’écart durant les périodes favorables — qui constituent pourtant la grande majorité de la vie des marchés — comme nous l’avons discuté dans notre plus récent épisode du balado Sujet Capital.

Les investisseurs estiment généralement la probabilité d’un effondrement catastrophique au cours des six prochains mois entre 10 et 20 %, selon un article du Wall Street Journal intitulé « Financial Bubbles Happen Less Often Than You Think », signé par William Goetzmann, professeur de finance et de gestion à l’Université Yale.

Mais à quelle fréquence ces krachs se produisent-ils réellement ?
Depuis 1887, l’indice Dow Jones Industrial Average n’a chuté de plus de 10 % en une seule journée que quatre fois (dont deux durant le krach de 1929), selon Goetzmann.
Vous avez bien lu : quatre jours sur 34 000 séances de bourse.

Les bulles sont l’exception, pas la règle

Goetzmann a étudié 21 marchés boursiers internationaux entre 1900 et 2014 afin de déterminer à quelle fréquence surviennent des bulles se soldant par un krach.
Il définit une bulle comme un doublement rapide des prix boursiers suivi, dans les cinq années suivantes, d’une perte de l’ensemble (ou plus) de ces gains.
« En examinant toutes les périodes possibles de cinq ans, les bulles ne sont survenues que dans moins d’un demi pour cent de celles-ci », conclut-il.

Les bulles marquent nos mémoires et nos livres d’histoire, mais elles demeurent des événements exceptionnels.
Un investisseur ayant conservé un portefeuille d’actions mondiales diversifié depuis 1900 aurait obtenu un rendement annualisé de 9,5 %, malgré les krachs de 1929, 1987 et 2000-2002, la crise financière de 2008 et la chute liée à la pandémie, selon les recherches de Credit Suisse.

Les marchés surmontent guerres et crises

« Les bulles occupent une place démesurée dans notre compréhension historique des marchés financiers », écrit Goetzmann.
« Mais l’une des plus grandes erreurs qu’un investisseur puisse commettre est de se fier à quelques épisodes historiques marquants et d’ignorer les longues périodes entre eux : ces décennies de hausses constantes qui ont jalonné l’histoire des marchés boursiers. »

Comme l’a dit Warren Buffett :

« Au XXe siècle, les États-Unis ont traversé deux guerres mondiales et d’autres conflits militaires traumatisants et coûteux ; la Grande Dépression ; une douzaine de récessions et de paniques financières ; des chocs pétroliers ; une épidémie de grippe ; et la démission d’un président discrédité. Pourtant, le Dow est passé de 66 à 11 497. »

Les marchés ont plus de chances de poursuivre leur hausse après un boom

Mais, me direz-vous, n’y a-t-il pas plus de raisons de s’inquiéter aujourd’hui, après la remarquable envolée des marchés de ces trois dernières années ?
En réalité, les marchés en forte progression ont historiquement plus de chances de continuer à bien performer que de s’effondrer.

Dans une autre étude, Goetzmann a constaté qu’après une hausse d’au moins 100 % en un an, les marchés doublaient de nouveau 26,4 % du temps au cours des cinq années suivantes, et ne rendaient la totalité de leurs gains que dans 15,3 % des cas.
« En résumé, les périodes de boom ont presque deux fois plus de chances de déboucher sur de nouveaux gains que sur un krach dévastateur », résume le journaliste financier Robin Powell.

Les bulles naissent souvent de véritables innovations

Cela s’explique si l’on se rappelle que les manies boursières sur plusieurs années sont souvent alimentées par des révolutions technologiques qui transforment la société et créent une véritable valeur — même si elles s’accompagnent parfois d’excès spéculatifs.

La fameuse bulle de la mer du Sud de 1719-1720 — souvent considérée comme la première grande bulle — a laissé derrière elle des routes commerciales et des infrastructures élargies.
Les années folles des années 1920 ont été propulsées par les avancées de la radio et la production de masse de biens de consommation.
Et la bulle technologique des années 1990 a inauguré l’ère d’Internet, révolutionnant la communication, le commerce et l’accès à l’information.

Rester à l’écart comporte aussi des risques

À l’inverse, tenter de prévoir un krach pour sortir du marché au bon moment est pratiquement impossible — et peut vous priver des journées les plus rentables.
Manquer les 20 meilleures journées de bourse sur une période de 20 ans réduit généralement le rendement total d’environ 50 %, souligne Powell.

« Le conseil financier le plus dangereux semble pourtant tout à fait sensé : “Ne perdez pas d’argent.” »
« Des générations d’investisseurs ont suivi ce principe à la lettre, gardant leurs économies en liquidités ou en obligations en attendant le krach “inévitable”. Ils ont ainsi évité chaque bulle, chaque correction, chaque moment de volatilité… mais aussi 300 ans de création de richesse, faisant de la prudence la stratégie la plus risquée de toutes. »

Rester concentré sur le long terme

Faut-il alors ne rien faire ? Pas tout à fait.
Les marchés en plein essor constituent un bon moment pour revoir votre portefeuille afin de vérifier s’il est toujours aligné sur vos cibles et, au besoin, le rééquilibrer.
Si vos besoins financiers ou votre tolérance au risque ont changé, il peut être judicieux d’en discuter avec votre conseiller afin d’apporter des ajustements à votre stratégie de placement.

On ne peut pas savoir comment se terminera cette phase de hausse, mais on peut cultiver la tranquillité d’esprit en ignorant le bruit du quotidien, en demeurant discipliné et en appréciant les gains constants qu’apporte une approche à long terme.

Pour lire d’autres analyses sur la finance personnelle et l’investissement — notre balado, nos blogues, nos livrets électroniques, nos portefeuilles modèles et nos statistiques de marché — visitez le site de l’équipe Parkyn-Doyon La Rochelle de PWL Capital ainsi que notre site Sujet Capital.

Laissez-nous vous aider à sécuriser votre héritage et à faire une différence. Contactez-nous dès aujourd’hui pour en savoir plus sur nos services complets de transfert de patrimoine et de planification philanthropique.

Contactez-nous

Restez informé et inspiré. Abonnez-vous à notre infolettre bihebdomadaire pour recevoir nos derniers balados, articles de blog et les lectures incontournables de James et François des deux dernières semaines.

Abonnez-vous